Nous, les allemands / Alexander Starritt

Le grand-père de Callum ne répondait pas aux questions. Comme tant d’autres après la seconde guerre mondiale, il s’est réfugié toute sa vie dans un silence infranchissable, au poids bien particulier: le silence d’un allemand revenu du front de l’Est. Mais le grand-père ne se taisait pas. Il écrivait.

Après sa mort, Callum devenu adulte découvre en même temps que nous ce texte qui lui était adressé.

« Je n’ai pas été un nazi ». Oubliez toute représentation attendue, toute caricature. Jeune soldat enrôlé à la sortie du lycée, combattant traumatisé de 1944, prisonnier de guerre, Meissner (dont nous ne connaîtrons pas le prénom) porte en lui le questionnement incessant de la responsabilité allemande individuelle et collective. Il n’a pas vu de camps de la mort. Il narre une réalité moins connue. Il fut témoin d’horreurs telles à l’Est, théâtre de sauvageries absolues, que n’importe quelle réalité de la guerre à l’Ouest « paraissait désirable ». Son récit nous entraîne de façon totalement immersive avec lui sur le terrain et jusqu’au fond de son âme, tandis que son petit-fils nous ménage des pauses bienvenues dans lesquelles courent ironie salvatrice et grande sensibilité. Un récit à deux voix que l’on dévore d’une traite tant l’écriture est fluide, l’humour amer, l’analyse juste. De père écossais et de mère allemande, Alexander Starrit nous livre un récit autobiographique d’une grande richesse, admirablement traduit par Diane Meur. Ses pages entrent tragiquement en résonance avec l’actualité.

Belfond, 2022.

À retrouver (entre autre) dans les Bibliothèques de Rennes.

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